Donner une voix aux enfants de la guerre, Le Soir, 22 août 24
... À Monrovia, elle rejoint l’équipe de Médecins sans frontières. Et c’est le cortège d’enfants malades, d’enfants blessés, d’enfants qui meurent. C’est la médecine d’urgence, à toute heure du jour. C’est l’angoisse permanente. C’est l’amitié entre les soignants. C’est la fête parfois pour évacuer le stress, d’où le titre. Et Johanna Coppé nous tend un miroir à nous, lecteurs et lectrices confortablement installés, qui nous crie l’urgence d’agir, de mettre fin à ces conflits, de sauver les enfants, au Liberia hier, à Gaza aujourd’hui. Un miroir plein de sang, mais surtout d’amour et de résilience...
Amélia, c’est vous ?
Il y a une grande part autobiographique dans ce livre. J’ai été avec MSF au Liberia. Si je n’avais pas vécu moi-même cette mission, je n’aurais pas pu l’écrire. Comme je n’aurais pas pu décrire le silence des aéroports dans les pays en guerre...
Pourquoi un roman ?
...Le roman me permettait de quitter l’immédiateté du texte et de prendre un certain recul sur un fil qui me tient à cœur : la jeunesse peut-elle encore traverser des épreuves, la protège-t-on trop, quel est le risque de l’envelopper dans un cocon et d’avoir peur pour elle ?... Et puis il y a le plaisir du roman : inventer, créer des personnages. Et donner une voix aux enfants de la guerre.
Amélia est musicienne autant que médecin dans votre roman. La musique, c’est essentiel ?
Je me sens d’abord musicienne. Pour la première fois, en écrivant, j’ai senti que j’avais la possibilité de mettre en mots ce que je vivais à travers la musique. Je n’ai rien su écrire sans musique... Ce fut un plaisir fou d’être dans une sorte de bulle, avec la musique, classique essentiellement, et l’écriture, comme si quelque chose m’était transmis.
Pourquoi avoir frôlé le mélo dans les lettres de Julien ?
Julien s’efface. Il a fait la promesse à Amélia de la laisser poursuivre son rêve. Et il la tient, il lui permet de partir.... J’ai voulu montrer qu’il peut y avoir de la finesse chez les hommes. C’est ma manière d’être féministe. Je ne crois pas qu’on va y arriver en opposant les femmes et les hommes, mais bien en trouvant une substance commune entre eux et elles, et c’est cette finesse.
de Jean-Claude Vantroyen
La rentrée littéraire est en guerre, Le Soir, 28 août 24
... Les romans qui nous ont marqués, ces jours-ci, parlent de guerres. Et même de génocides : c'est le dur et puissant Jacaranda de Gaël Faye (Grasset) sur la façon dont le Rwanda vit toujours dans les massacres des années 1990.
C'est l'Algérie des mêmes années, lors de la guerre civile, que Kamel Daoud décrit dans Houris (Gallimard), un roman âpre et sombre.
C'est la guerre civile du Liberia, au début de ce siècle, que raconte avec émotion Johanna Coppé dans Je danse dans un pays en guerre (Asmodée Edern)...
de Jean-Claude Vantroyen